Trop d’additifs dans les produits transformés

 Encore trop d'additifs dans les produits alimentaires transformés

Au moins 78% des aliments transformés contiennent des additifs alimentaires.
53% des aliments contiennent trois additifs, et 4% plus de 10, à l’image des viennoiseries, détaille l’ANSES.

L’Agence de sécurité sanitaire (ANSES) publie aujourd’hui un état des lieux de l’utilisation d’additifs. Il en ressort qu’au moins 78% des produits transformés en contiennent. L’impact sur la santé publique reste à étudier.

C’est un inventaire unique au monde par son ampleur et dans la durée. Décidé en 2008, l’état des lieux de l’utilisation des additifs dans les aliments transformés permet désormais de juger l’évolution des pratiques de l’agroalimentaire depuis 10 ans. Du moins pour 20 000 des 30 000 produits étudiés. Un grand absent toutefois : la confiserie.
Premier constat : une grande majorité des aliments contiennent au moins un additif dans la liste de leurs ingrédient. 53% en contiennent 3 différents et 4% plus de 10. « C’est le cas des viennoiseries, des desserts surgelés, les produits traiteurs frais et les glaces et surgelées », précise Céline Ménard, responsable de l’Observatoire qualité des aliments (OQALI) à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

 Trois additifs principaux

Sur les 400 additifs autorisés par l’Union européenne, il apparaît que les industriels n’en utilisent qu’un petit nombre : 46 dont 3 très régulièrement. C’est le cas de l’acide citrique E330, destiné à réguler l’acidité et présent dans 23% des produits, des amidons modifiés utilisés comme épaississants dans 22% des produits et des lécithines E322, émulsifiants présent dans 17% des produits.
Selon Céline Ménard, il n’est pas étonnant de trouver autant d’additifs dans les produits transformés. « La tenue dans le temps dictée par la date limite de consommation, la sécurité sanitaire et la stabilisation de la texture (sauce, crèmes glacées), en particulier à la décongélation » impliquent le recours à ces additifs alimentaires.

En 10 ans, note l’ANSES, le nombre d’aliments sans additifs est en légère augmentation : + 4,6%. Sans qu’on sache par quoi les industriels les ont remplacés. La tendance est aussi à un nombre moins important d’additifs différents dans un même produit. À l’inverse, les experts soulignent le recours plus systématique à certains ingrédients comme les caroténoïdes employés comme colorants (E160a), les carbonates de sodium (E500) comme poudre à lever, les pectines (E440) comme gélifiants et les anthocyanes (E163) comme colorants.

 Pas de données sur les risques associés

Quant à l’origine des produits, le document publié par l’ANSES montre que les marques nationales (Danone, Nestlé...) qui en présentent le plus (27%) devant les marques de distributeurs, les produits premiers prix et les produits issus du hard discount (19%).
Cet inventaire sera transmis à l’EFSA (l’agence européenne de sécurité des aliments) qui a en charge l’évaluation des risques associés à ces substances ajoutées. Cette instance procède actuellement à la réévaluation des additifs autorisés avant 2009. Accessibles à tous y compris au grand public, ces données serviront éventuellement à alimenter des projets de recherche. L’ANSES a prévu d’enrichir à l’avenir les tableaux (en passant en revue notamment les étiquettes des produits de confiserie) et de suivre les alternatives employées par les industriels.
Controversés, ces additifs pourraient augmenter de plus de 10% les risques de développer un cancer dans le cas d’une surconsommation de 10 % de produits « ultra-transformés », selon une étude française (Fiolet et al 2018). Ils sont aussi soupçonnés d’être impliqués dans des maladies auto-immunes. Quant au dioxyde de titane E171 avalé, des chercheurs de l’INRA ont mis en évidence chez des rongeurs qu’il provoque des lésions colorectales pré-cancéreuses.

Bibliographie :
Etude de l’Anses publiée le 20 novembre 2019