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Manger des insectes, le futur de l’alimentation ?
Vers un régime à base d’insectes ?
L’UE donne son accord pour la consommation humaine des vers de farine
jeudi 15 juillet 2021, par
Imaginez le scrountch sous la dent en croquant une petite poignée de vers de farine. Ces larves de coléoptère qui ressemblent à des petites chenilles jaunâtres, et que la très sérieuse Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a donné son accord pour la consommation humaine.
Vers un régime à base d’insectes ?
Pour la première fois, les Vingt-Sept ont autorisé, mardi 4 mai, la mise sur le marché d’insectes en tant qu’aliments. Des biscuits ou des pâtes à base de vers de farine jaunes séchés pourront bientôt arriver dans les assiettes des Européens.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait conclu mi-janvier que les larves du ténébrion meunier (Tenebrio molitor), aussi appelées « vers de farine », pouvaient être consommées sans danger « soit sous forme d’insecte entier séché, soit sous forme de poudre ». A la suite de ce feu vert réglementaire, « les États membres ont approuvé une proposition de la Commission européenne, autorisant l’utilisation de vers de farine jaunes séchés en tant que nouvel aliment », a annoncé l’exécutif européen.
« Il peut être utilisé comme insecte séché entier sous forme de collation ou comme ingrédient d’un certain nombre de produits alimentaires, sous forme de poudre dans des produits protéiques, biscuits ou produits à base de pâtes. »
Pour quelles raisons ?
Consommation de protéines en hausse de 52% d’ici 2030 dans le monde… L’élevage intensif de viande fait déjà des ravages à la planète, les insectes sont donc une alternative pour répondre à la demande : 53g de protéines dans 100g de vers de farine, contre 26g pour du bœuf par exemple. Avec des élevages nettement moins émetteurs de gaz à effet de serre, car ça prend moins de place et surtout il faut beaucoup moins d’eau et de nourriture.
Ils peuvent donc constituer « une source de protéines de substitution pour soutenir la transition vers un système alimentaire plus durable », car l’élevage d’insectes a une empreinte écologique limitée par rapport aux autres sources de protéines, explique la Commission. Des insectes avaient déjà été commercialisés dans l’UE, notamment dans des épiceries bio, car certains pays estimaient que ceux-là n’étaient pas couverts par la précédente réglementation européenne sur les « nouveaux aliments », lesquels nécessitent un feu vert pour être vendus.
Vers grillés à l’apéritif
Mais la réglementation appliquée depuis janvier 2018 considère explicitement les insectes comme des aliments, les soumettant ainsi à la nécessité d’une autorisation de mise sur le marché. On estime qu’un millier d’espèces sont consommées en Afrique, en Asie et en Amérique latine, par des millions de personnes. Mais, dans l’UE, les élevages d’insectes (quelques milliers de tonnes produits par an) servent essentiellement à nourrir des animaux d’élevage, notamment les poissons.
On compte une vingtaine de projets en France (qui veut devenir pionnière) avec déjà des structures en Haute-Garonne, dans le Jura, la Somme, et des investissements colossaux, 316 millions d’euros levés pour l’une de ces fermes, c’est du jamais vu. On y pond, tue – dans l’eau bouillante et sans souffrance assurent en tout cas les éleveurs – et déshydrate les larves, qu’on pourra consommer en poudre dans des biscuits, gâteaux ou produits transformés en remplacement de la farine, ou bien entières, et grillées. Il parait que ça a le goût de cacahuètes. Un p’tit apéro Tenebrio ça vous dit ?
L’autorisation européenne sera formalisée « dans les prochaines semaines ». L’entreprise française Agronutris, qui avait saisi l’UE dès 2018 pour être autorisée à commercialiser des aliments à base de vers de farine, s’est félicitée d’avoir obtenu « un sésame actuellement unique en Europe ». « La société bénéficie d’une exclusivité de cinq ans pour commercialiser ses insectes », a-t-elle par ailleurs précisé à l’AFP.
Selon Agronutris, la règlementation européenne autorise la commercialisation des vers de farine « entiers en snacking, par exemple grillés et aromatisés pour l’apéritif », ainsi que broyés en poudre, « dans la limite de 10 %, dans des barres de céréales pour sportifs, des biscuits, des pâtes alimentaires ou des plats préparés ».
Onze autres demandes de mise sur le marché pour des insectes ont été soumises à l’UE. L’EFSA, qui siège à Parme (Italie), se penche notamment sur les grillons et les sauterelles. Ÿnsect, leader français de la production de farine d’insectes pour l’alimentation animale, a également développé « un ingrédient à base de protéines d’insectes déshuilés » pour fabriquer des « barres énergétiques », mais il attend un feu vert européen.