L’intolérance au lactose

« DE 10 A 30 % des FRANÇAIS SERAIENT DÉFICIENTS EN LACTASE ».

affirme Corinne Bouteloup, gastro-entérologue et nutritionniste au CHU de Clermont-Ferrand.

Nous allons voir à travers cet article, les origines de cette intolérance au lactose, les moyens de dépister ce problème, les moyens mis par les industriels pour contourner ce problème à travers le lait délactosé et les laits végétaux.

L'intolérance au lactose

B-) : D’où vient l’intolérance au lactose ?

c. B. : À l’arrêt de l’allaitement, l’activité de la lactase, l’enzyme qui dégrade le lactose, le sucre du lait, diminue. Le lactose est alors digéré dans le côlon, et non dans l’intestin grêle, par le microbiote intestinal, qui, en le dégradant, produit des gaz. Ceux-ci peuvent provoquer douleurs, diarrhées, ballonnements, flatulences et, plus rarement, céphalées arthralgies (douleurs articulaires).
De 10 à 30 % des Français seraient déficients en lactase, mais tous n’expriment pas de troubles.

B-) : Est-ce seulement le lait qui pose problème aux intolérants au lactose ?

c. B. : Pour la majorité, c’est le cas. Ils ne sont gênés que quand ils absorbent une grosse quantité de lactose sous forme de liquide (200 ml de lait). Mais certaines personnes très intolérantes peuvent avoir des symptômes après la consommation de fromage ou de yaourts qui en contiennent pourtant bien moins que le lait. Elles peuvent ne pas tolérer non plus les médicaments et les aliments industriels renfermant du lactose. Elles doivent donc supprimer le lait (de vache, de chèvre et de brebis) mais aussi tous les produits laitiers, ce qui les expose à un risque de carence en calcium, voire en protéines. ll y a alors plusieurs alternatives : le lait délactosé (voir paragraphe plus bas), les boissons végétales enrichies en calcium (voir paragraphe plus bas) ou, dans les formes sévères, la prise de compléments alimentaires de lactase.

B-) : Comment dépister une intolérance au lactose ?

c. B. : En faisant le test à l’hydrogène expiré. Quand le lactose est digéré dans le côlon, il produit de l’hydrogène, qui est évacué par les voies respiratoires. Lors du test, le patient boit une préparation à base de lactose, puis l’air expiré est analysé. S’il est intolérant, le niveau d’hydrogène est très élevé. il doit alors supprimer le lactose de son alimentation pendant 3 ou 4 semaines puis le réintroduire progressivement afin de déterminer son seuil de tolérance.

B-)C’est quoi un lait à teneur réduite en lactose ?

Destiné aux personnes intolérantes au lactose, ce lait « délactosé » est techniquement enrichi en lactase, l’enzyme chargée de dégrader le sucre du lait en molécules plus petites pouvant être absorbées par l’intestin. Attention, ces laits ne sont pas complètement délactosés pour autant. Vérifiez bien la valeur résiduelle du lactose contenu dans le lait : de 0,20 à 0,90g pour 100 ml, quand un lait « normal » en renferme environ 5 g pour 100 ml.

B-)C’est quoi un lait végétal ?
Peut-on remplacer le lait de vache par du jus de soja, de riz, d’avoine de châtaignes ou d’amandes ? La réponse est évidente pour les personnes allergiques aux protéines de lait de vache et pour celles qui sont intolérantes au lactose, ces boissons d’origine végétale en étant dépourvues. Pour les autres, c’est juste une manière de varier leur alimentation. Le jus de soja est ce qui se rapproche le plus du lait de vache en termes de profil nutritionnel : il est naturellement riche en protéines et souvent enrichi en calcium (il n’en contient pas à l’état naturel). Sa consommation doit néanmoins être modérée car il renferme des phytoestroqènes, qui ont une action endocrinienne. Les autres boissons végétales sont elles aussi enrichies en calcium, voire en vitamines, mais sont pauvres en protéines. Tous ces jus coûtent de 2 à 5 fois plus cher que le lait de vache demi-écrémé : de 1,40 € pour un litre de jus de soja à 3,50 € pour du lait d’amandes.