Gestion des stocks

 <span style="color:#0000FF;"><big>La gestion des stocks</big></span>

 1- Évaluez le coût des stocks

Pour gérer efficacement les stocks et appliquer les méthodes de ce chapitre, il est impératif de connaître l’état des stocks à chaque instant. Pour cela les entrées/sorties de matières et articles doivent être rigoureusement renseignées par tous les utilisateurs.

Pourquoi les stocks pèsent-ils sur la trésorerie d’une entreprise ?
Prenez le cas d’une entreprise A possédant un stock de 10 et une entreprise B possédant un stock de 100. Les deux entreprises sont identiques et font le même chiffre d’affaires. Cependant, la concurrence est en défaveur de B qui est dans l’incapacité de dégager 90 en trésorerie pour sa production, puisqu’ils constituent son stock.
L’entreprise A, en revanche possède 90 disponibles pour investir dans un moyen de production qui lui offrira un taux de rentabilité annuelle “t”. Ce taux correspond à la rentabilité des capitaux investis. Elle peut aussi le placer sur les marchés financiers plutôt que dans son atelier. En contrepartie, le taux “t” correspond, pour l’entreprise B, au taux de possession de stock. Chaque année, elle perd t % de la valeur de son surstock par rapport à A.


11-Coût de possession de stock : CP

De cette analyse, on en déduit naturellement que la possession de stocks a un coût autre que le coût d’achat de ce stock.

Il est composé de :
1. Coût de rémunération des capitaux investis (explications ci-dessus).
2. Coût de magasinage : salaires, loyer, assurance, manutention, informatique, pertes, vols…
3. Coût de stock de sécurité : comme son nom l’indique, ce stock est à maintenir constant toute l’année.
4. Coût d’obsolescence : articles périmés.
Le coût de possession peut atteindre 12 à 30 % de la valeur du stock moyen.


12-Coût de lancement de commande : CL

Il s’agit de rémunérer le cycle d’approvisionnement des articles :
1. Salaires des acheteurs et réceptionnistes.
2. Temps passé en réception et contrôle des articles.
Le coût de passation représentent 1 à 2 % du montant des commandes.


13-Coût d’achat : Ca

C’est un coût fixe qui ne dépend pas ou peu (cas des ristournes sur quantité) des modes d’approvisionnement.


14-Coût total annuel de stock

Coût total d’un stock = Coût de possession + Coût de lancement + Coût d’achat ;

(CT = CP + CL + Ca)

Ces 3 coûts sont calculés sur l’année.
CP et CL sont variables en fonction des quantités commandées par le gestionnaire. Ce sont les frais de stock.

 2- Exemple chiffré

Consommation annuelle d’articles : N = 600
Coût de lancement d’une commande d’articles : Cl = 100 €
Quantité d’articles achetée à chaque commande : q = 150 pièces
Taux de possession : t = 20 % (intègre tous les taux vus ci-dessus)
Prix d’achat d’un article : a = 25 €

Coût de possession : CP

Il s’agit de la possession du stock moyen. Si l’acheteur commande régulièrement q = 150 pièces, le stock moyen est de q/2 = 75 pièces.

[( CP = (q/2) x a x t )]
CP= 75 x 25 x 0,20 = 375 €)

Coût de lancement annuel de commande : CL :
Il dépend du nombre de commandes de 150 pièces. Sachant que l’on consomme 600 pièces dans l’année, le nombre de commandes est : N/q = 600/ 150 = 4 commandes/an.

[(CL = (N / q) x Cl )]
CL= 400 €

Coût total du stock par an CT  :

[(CT = CP + CL + (a x N) )]

CT= 375 + 400 + (25 x 600) = 15 775 €
Avec CP + CL = 800 €, soit 5 % du coût d’achat.

Nous allons voir comment minimiser ces 2 frais de stock CP et CL.

Variation de CP et CL en fonction de la quantité commandée q
Si vous commandez par grandes quantités, exemple 600 pièces,
CP = (600/2) x 25 x 0,20 = 1 500 €.

Le coût de possession CP augmente linéairement, puisque CP = (q/2) x a x t.
On obtient une droite CP = f(q).

En revanche avec un besoin annuel de 600 pièces, comme vous n’avez passé qu’une commande dans l’année, vos coûts de lancement sont faibles.
Les couts de lancements annuels de commandes (CL) sont inversement proportionnels à la quantité commandée(q) puisque CL = (N/q) x Cl.

Vous constatez que ces 2 coûts CP et CL varient en sens inverse donc il existe une quantité commandée optimale. Celle qui correspond à l’intersection des 2 courbes. Vous l’observez en traçant la somme des coûts annexes CP + CL.
Le minimum est à q = 155 pièces.

Ce minimum est simple à calculer, soit en cherchant la valeur de la variable q pour laquelle la dérivée de la fonction « CP + CL » s’annule (c’est l’extremum de la courbe CP + CL), soit en calculant l’abscisse du point d’intersection des courbes CP et CL. Le résultat est :

légendes :
N= quantité annuelle d’articles commandés
Cl=cout de lancement d’une commande
a= prix d’achat d’un article
t= taux de possession (en %)

Cette relation est connue sous le nom de formule de Wilson

On applique cette formule pour les articles A de la courbe de Pareto, c’est-à-dire les articles les plus coûteux du stock afin de réduire le coût de possession, tout en optimisant le nombre de commandes.

 3- Optez pour l’approvisionnement à quantité fixe

Vous avez le choix entre 2 méthodes d’approvisionnement.
1. Commander une quantité fixe à une fréquence variable en fonction de la consommation.
2. Commander une quantité variable à période fixe.

Dans ce chapitre, nous allons détailler l’approvisionnement à quantité fixe, qui est la méthode la plus classique.

Appliquez cette méthode pour les articles A qui doivent être suivis avec attention. La quantité fixe la plus économique, nous venons de le voir, est donnée par la formule de Wilson.

Cette méthode présente, cependant, des contraintes. La quantité “qe” ne peut pas être enregistrée comme un standard immuable, car la consommation annuelle N peut varier au cours de l’année, et le prix aussi.
Il faut donc prendre le résultat comme un point de repère. D’ailleurs, constatez qu’entre 100 et 200 pièces commandées, la variation des frais de stock est faible !

L’approvisionnement en quantité fixe a cette allure :

La quantité qe est livrée à chaque commande. Elle est consommée et doit être commandée quand on atteint le stock mini ou stock d’alerte. À partir de ce point de commande, la quantité restante doit assurer la consommation pendant le délai “d” d’approvisionnement du fournisseur.

Or, la consommation peut varier en fonction des besoins de la production. Dans ce cas, les conséquences sont les suivantes :

à la période 1, la livraison arrive à temps : pas de conséquences ;
à la période 2, d2 > d1, la production a ralenti d’où une consommation d’articles (MP:Matières Premières) en ralentissement ! La livraison parvient avant la consommation totale du stock de MP : pas de conséquences ;
à la période 3, d3 < d1, la cadence de la production a augmenté , et la livraison de MP parvient après avoir tout consommé le stock de MP.

Le phénomène est le même si la consommation augmente brusquement après le point de commande. Il y a une rupture de stock. Ce qui peut déclencher de graves dommages en production.

De même, dans le cas où la livraison est retardée, les conséquences sont les suivantes :

La livraison arrive trop tard. Il y a rupture de stock.

Bilan :

Il y a deux risques de rupture de stock :

  • consommation supérieure à la moyenne,
  • délai supérieur à la moyenne.

La solution est de recourir à un stock de sécurité. Nous en parlerons au paragraphe suivant “Optimisez vos stocks”.

Le stock d’alerte Sa au point de commande doit donc tenir compte du stock de sécurité Ss.

Stock d’alerte : Sa=[(N÷52)+Ss]×d
légendes :
N : consommation annuelle
52  : nombre de semaines travaillées dans l’année (à adapter en fonction de votre temps d’ouverture annuelle)
Ss  : stock de sécurité
d : délai moyen d’approvisionnement en semaines (ex : d = 0,5 soit 2,5 jours)

Si vous souhaitez aller plus loin sur la gestion des stocks, je vous invite à consulter la deuxième partie du cours « Pilotez la supply chain dans l’industrie du futur »